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m’élançai hors de la gueule ouverte de ma caverne ; et cet ennemi, que j’ai là sous la figure de mon frère, me suivit d’un pied rapide. Quand le Démon aux grandes forces me vit marcher dans la nuit, accompagné d’un second, alors, saisi d’un tremblement extrême, il se mit à courir, sans tourner les yeux derrière lui. Et moi, voyant l’Asoura fuir si lestement sur la terre : « Arrête ! lui criai-je furieux avec Sougrîva ; arrête ! »

« Après qu’il eut couru seulement douze yodjanas, fouetté par la crainte, il se déroba sous la terre au fond d’une caverne. Aussitôt que je vis l’ennemi, qui m’avait toujours fait du mal, entrer dans ce lieu souterrain, je dis alors, moi, qui avais des vues innocentes, à cet ignoble frère, qui avait, lui ! des vues perfides : « Mon dessein n’est pas de m’en retourner à la ville sans avoir tué mon rival : attends-moi donc à la porte de cette caverne. »

« Persuadé qu’il assurait mes derrières, je m’engageai dans cette grande caverne, et j’y passai toute une année à chercher la porte d’une catacombe intérieure.

« Enfin, je vis cet Asoura, de qui l’arrogance avait semé tant d’alarmes, et je tuai sur-le-champ mon ennemi avec toute sa famille. Cet antre fut alors inondé par un fleuve de sang, vomi de sa bouche ; et, râlant sur le sein de la terre, il exhala son âme dans un cri de désespoir. Après que j’eus tué Mâyâvi, mon rival, si cher à Doundoubhi, je revins sur mes pas et je vis fermé l’orifice de la caverne. J’appelai Sougrîva mainte et mainte fois ; puis, n’ayant reçu de lui nulle réponse, la colère me saisit ; je brisai à coups de pied redoublés ma prison, et, sorti de cette manière, je revins chez moi sain et sauf, comme j’en étais parti. Il m’avait donc enfermé là ce cruel, à