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à la recherche de ma chère Mithilienne et du cruel Démon à l’âme méchante qui a nom Râvana. Trace-moi en toute confiance quelle marche je dois suivre ; et que mon bonheur naisse de toi comme les moissons naissent d’une heureuse pluie dans une terre féconde. »

Joyeux de son langage, Sougriva le quadrumane lui répondit comme il suit en présence de Lakshmana : « Les Dieux veulent sans doute verser de toute manière les faveurs sur moi, puisqu’ils m’ont amené dans ta grandeur un ami digne et plein de vertus. Certes ! aujourd’hui que ta grandeur est mon alliée, je pourrais, secondé par ton héroïsme, conquérir même l’empire des Dieux : à plus forte raison puis-je, ami, reconquérir avec toi mon royaume ! De mes parents et de mes amis, c’est moi que la fortune a le mieux partagé, héros à la grande force, puisqu’elle a joint nos mains dans une alliance où nous avons pris le feu à témoin. »

Ensuite, le roi des quadrumanes, voyant Râma debout avec le vigoureux Lakshmana, fit tomber de tous les côtés ses regards curieux dans la forêt, et, non loin, il aperçut un shorée robuste avec un peu de fleurs, mais riche de feuilles et paré d’abeilles voltigeantes. Il en cassa une branche touffue de fleurs et de feuilles, l’étendit sur la terre et s’assit dessus avec l’aîné des Raghouides. Quand Hanoûmat les vit assis tous deux, il s’approcha d’un sandal, rompit une branche de cet arbre, en joncha la terre et fit asseoir Lakshmana.

Alors, d’une voix douce, Sougriva joyeux prononce affectueusement ces paroles, dont sa tendresse émue lui fait bégayer quelque peu les syllabes : « Les persécutions me forcent, Râma, d’errer çà et là dans cette terre… Après que mon frère m’eut enlevé mon épouse, je suis