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Sous l’éventail d’un frais zéphir au souffle caressant, Râma joyeux sentit avec le Soumitride se dissiper toute sa fatigue, au spectacle de ces arbres, les rameaux chargés de fleurs et de fruits, les voûtes retentissantes du concert des kokilas ; à la vue de cette terre aux surfaces tapissées d’herbes nouvelles, douces, fraîches et bleu-foncé, à l’aspect de cette Pampâ, bien ravissante et comme enflammée par des lotus brillants à l’égal du soleil dans son enfance du matin. En contemplant cette rivière limpide, fortunée, charmante à voir, ces deux héros à l’immense vigueur furent enivrés d’une joie aussi vive que Mitra et même Varouna, ce jour où sous leurs yeux ils virent le grand fleuve du Gange sortir de la création à la voix des rishis.


La vue de ces deux magnanimes héros jetait dans une extrême inquiétude Sougrîva et ceux qui suivaient sa fortune. L’esprit assiégé de mille pensées, le roi des singes résolut de quitter la montagne. Observant que ces deux héros paraissaient d’une vigueur immense et porter des arcs formidables, il ne pouvait calmer son âme ; et, le cœur assailli d’anxiété, il regardait autour de lui tous les points de l’espace.

Le prince des quadrumanes ne pouvait rester en place un seul instant. Il se mit à réfléchir ; et, plein de trouble, dit à ses conseillers : « Voici deux espions, que Bâli même envoie dans cette forêt impénétrable sous la forme empruntée de ces deux hommes, qui viennent ici, vêtus d’habits faits d’écorce ! »

Les optimates singes passent aussitôt de leur cime dans une autre cime de la montagne.