mortels, en réunissant les paumes de mes deux mains à l’endroit où n’était plus mon front : « Transformé par la foudre, les jambes tronquées et ma bouche rentrée dans mon corps avec ma tête, comment puis-je sans manger vivre encore une très-longue vie ? » À ces mots, le roi des Immortels me donna ces bras longs d’un yodjana et me fit au milieu du ventre cette bouche munie de ses dents acérées. Grâces à mes longs bras, j’entraîne à moi de tous côtés dans la grande forêt éléphants, tigres, ours, gazelles, et je fais d’eux ma pâture. Indra me dit alors : « Tu iras au ciel, quand Râma ce Lakshmana t’auront coupé les deux bras dans un combat. »
« Tu es Râma, je n’en puis douter, car nul autre que toi ne pouvait me donner la mort, suivant les paroles que m’a dites l’habitant du ciel. Je veux me lier de société avec vous, hommes éminents, et jurer à vos grandeurs une éternelle amitié, en prenant le feu même à témoin. »
Quand Danou eut achevé ces mots, le vertueux Raghouide lui tint ce langage en présence de Lakshmana : « Sîtâ est mon illustre épouse : Râvana me l’a ravie, sans rencontrer d’obstacle, car mon frère et moi nous étions sortis du Djanasthâna. Je connais le nom seulement de ce Rakshasa, mais nous ne savons ni quelle est sa forme, ni quelle est sa demeure, ni quelle est sa puissance.
« Parle-nous de Sîtâ, de son ravisseur et du lieu où mon épouse fut emmenée : fais-nous ce plaisir infiniment agréable, si tu en sais quelque chose dans la vérité. Il te sied d’agir ainsi par compassion pour nous, errants, malheureux, accablés de chagrins et voués nous-mêmes au secours des opprimés. »
À ces mots de Râma composés de syllabes attendrissantes, Danou, habile à manier la parole, fit cette réponse