Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/340

Cette page a été validée par deux contributeurs.

peine les deux frères avaient-ils parcouru l’intervalle d’une lieue seulement, qu’ils furent saisis par ce colosse aux longs bras. Embrassés fortement par le monstre que tourmentait la faim, les deux héros, entraînés vers le tronc difforme, virent alors ses bras semblables à des massues ou pareils aux trompes des plus grands éléphants ; ses bras, couverts de poils aigus avec des mains armées d’ongles secs, longs, horribles comme des serpents à cinq têtes. Portant leurs arcs, leurs épées et leurs flèches, nos deux guerriers, entraînés malgré eux par ses bras et tirés déjà près de sa bouche, eurent grande peine à s’arrêter sur les bords.

Il ne put néanmoins, en dépit de ses bras, jeter dans sa gueule ces deux héroïques frères, Râma et Lakshmana, qui résistaient de toute leur force. Alors ce Dânava redoutable, Kabandha aux longs bras, dit à ce couple de frères, armés d’arcs et de flèches : « Qui êtes-vous, guerriers aux épaules de taureaux, qui portez des arcs et de grandes épées ; vous, qui êtes venus dans ces bois horribles et vous êtes approchés de moi pour être ma pâture ? Dites-moi et quel est votre but, et quelle raison vous amène ici, et pourquoi, venus dans ma région, où la faim me tourmente, vous deux, restez-vous là ? »

À ces mots du cruel Kabandha, l’aîné des Raghouides, le visage glacé d’épouvante, dit à son frère : « Nous sommes tombés d’une infortune dans un plus grand malheur ; désastre épouvantable et sûr, où nous perdrons la vie sans avoir eu même le bonheur de recouvrer ma bien-aimée ! »

Tandis qu’il parlait ainsi, l’auguste fils du roi Daçaratha, ce héros fameux, au courage inébranlable, à la vigueur infaillible, jetant les yeux sur Lakshmana, de qui