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Le lendemain, ils se lèvent à l’aube naissante ce vaquent ensemble aux prières du jour. Ce devoir accompli, les deux héros à la grande force abandonnent le Djanasthâna désert et tournent leurs pas à la recherche de Sîtâ vers la plage occidentale. De là, ces deux Ikshwâkides, armés d’arcs, de flèches et d’épées, arrivent devant un chemin non battu. Ils virent une immense forêt, impraticable, hérissée de hautes montagnes et toute couverte de maintes lianes, d’arbrisseaux et d’arbres.

Or, Lakshmana au cœur pur et vertueux, au langage de vérité, à la grande splendeur, dit ces mots, les mains jointes, à son frère, de qui l’âme était pleine de tristesse :

« Je sens mon bras qui tremble fortement ; le trouble agite mon cœur : je vois, guerrier aux longs bras, des prodiges qui nous sont tous contraires. Des augures se montrent avec des formes sinistres : assieds ton âme, héros, sur une base inébranlable, car ces présages nous annoncent un combat à soutenir dans l’instant même. »

Dans ce moment s’offrit à leurs yeux un torse énorme, de la couleur des sombres nuages, hideux, bien effrayant à voir, difforme, sans cou, sans tête, et couvert de soies piquantes, avec une bouche armée de longues dents au milieu du ventre. D’une élévation colossale, ce tronc égalait pour la hauteur une grande montagne et résonnait avec le fracas des nuées, où bondit le tonnerre. Il n’avait qu’un œil très-fauve, long, vaste, large, immense, placé dans la poitrine, et dont la vue embrassait une distance infinie. Détruisant tout et d’une force sans mesure, il dévorait les ours farouches et les plus grands éléphants : jetant çà et là ses deux bras horribles et longs d’un yodjana, il empoignait dans ses mains les divers quadrupèdes ou volatiles.