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toute la montagne avec ses bois et ses bocages : ils sondèrent tous les deux les plateaux, les grottes et les viviers fleuris de ce mont aux cimes nombreuses, couvert par des centaines de métaux divers ; mais ils ne purent nulle part rencontrer celle qu’ils cherchaient.

Enfin, ils aperçurent, couché sur la terre, baigné de sang et ses deux ailes coupées, l’oiseau géant Djatâyou, semblable aux cimes d’une montagne. À la vue de ce volatile, Râma tint ce langage à son frère : « On ne peut en douter, ma Vidéhaine fut dévorée ici par ce monstre ! Ce vautour est sans doute un Rakshasa qui erre dans la forêt avec cette forme empruntée : il fait ici la sieste à son aise, bien repu de ma Sîtâ aux grands yeux !

« Je vais le frapper d’un coup rapide avec mes flèches à la pointe enflammée, qui volent droit au but, comme le Dieu aux mille yeux frappe dans sa colère allumée une grande montagne avec son tonnerre ! »

À ces mots, encochant une flèche à son arc, il fondit irrité sur le vautour, et la terre en fut comme ébranlée sous les pieds du héros tout ému. Alors ce volatile infortuné, qui vomissait le sang à pleine bouche : « Râma !… Râma ! dit-il avec une voix plaintive au Raghouide en courroux. Cette femme, que tu cherches comme une plante salutaire dans la forêt, Sîtâ et ma vie, noble fils du roi des hommes, c’est Râvana, qui les a ravies toutes les deux à la fois !

« J’ai vu, abusant de la force, Râvana enlever ta Vidéhaine, abandonnée par toi, vaillant Raghouide, et par Lakshmana. J’ai volé au secours de Sîtâ, mon fils, et j’ai renversé dans une bataille Râvana sur le sol de la terre avec son char fracassé. Cet arc ici rompu est à lui ; c’est encore à lui cette ombrelle déchirée : c’est à lui