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ce cri de détresse, qui déchira mon cœur, n’était qu’un artifice de toi ! Comment n’as-tu pas de honte, vil Démon, après que tu as commis une telle action, le rapt d’une femme en l’absence de son mari !

« Râma fut éloigné ainsi de l’ermitage : toi, voici que tu fuis ! alors, qu’est-il possible de faire ? Attends un instant, et tu ne t’en iras pas avec le souffle de la vie ! »

C’est ainsi que le scélérat enlevait, malgré sa résistance, cette infortunée toute pantelante, baignée de larmes, plongée dans le chagrin, horriblement tourmentée, plusieurs fois malade et qui exhalait des plaintes touchantes, précédées par des gémissements.

Il dirigea sa marche le front tourné vers la rivière Pampâ, mais d’un esprit agité jusqu’à la démence. Une fois ce cours d’eau franchi dans son vol, le roi des Rakshasas tendit vers le mont Rishyamoûka, tenant la Mithilienne en pleurs dans ses bras ! La princesse enlevée n’aperçut nulle part un défenseur, mais elle vit sur le sommet de la montagne cinq des principaux singes. La Djanakide aux grands yeux, à la taille charmante, jeta au milieu des cinq quadrumanes ses brillantes parures et son vêtement supérieur, tissu de soie avec un éclat d’or : « S’ils allaient raconter ce fait à Râma ! » pensait-elle, ses regards attachés sur la terre et ses yeux versant des larmes. D’un mouvement rapide, elle fit tomber au milieu d’eux l’habillement avec les joyaux ; et, dans son agitation intérieure, le monstre aux dix têtes ne s’aperçut pas que Sîtâ jetait aux pieds des singes tous ses bijoux, et même que cette femme à la taille gracieuse n’avait plus ni sa divine aigrette de pierreries ni aucune de ses parures. Les chefs des singes, tournant vers Sîtâ les regards