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comme pour trancher sa vie, cette femme consternée, à la voix expirante, isolée de son époux dans ces bois. À la vue de cette violence infligée à Sîtâ, la compassion et la douleur émurent tous les grands saints, qui habitaient dans la forêt Dandaka. Devant cet outrage fait à Sîtâ, l’espace infini du monde avec tous les êtres animés ou non fut enveloppé d’une profonde obscurité. Quand il vit de son regard céleste l’infortunée subir cette injure, le père suprême de toutes les créatures prononça lui-même ces paroles dans sa béatitude : « Le crime est consommé ! »

Elle eut beau crier : « Râma ! Râma !… À moi Lakshmana ! » le Démon reprit la Vidéhaine et continua sa route dans les airs. Avec ses membres atourés de leurs bijoux d’un or épuré, avec sa robe de soie jaune, elle brillait alors, cette fille des rois, comme l’éclair au milieu du ciel ! Sa robe jaune, que l’air soulevait par-dessus Râvana, jetait son éclat sur le géant et lui donnait les apparences d’une montagne, dont la cime est embrasée par le feu.

En voyant, sur le fond du ciel, sa figure immaculée se détacher du sein de son ravisseur, on eût dit la lune, qui se lève, après qu’elle a percé un sombre nuage.

Un pied de la belle Vidéhaine laissa échapper son bracelet, qui tomba sur la terre, éclatant comme le feu et pareil à un disque d’éclairs.

Les bijoux de la Vidéhaine et tous ses joyaux couleur du feu tombaient du ciel rapidement sur la terre, semblables à des étoiles qui se détachent du firmament. Son blanc et riche fil de perles se rompit au milieu du sein et parut dans sa chute comme le Gange, qui se répand du ciel sur la terre. Battus par le vent, tous les arbres, ha-