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pesait le poids de la vieillesse, en ressentit de la fatigue : Râvana l’observait, et, quand il vit le prince des oiseaux déjà las par l’effet de son grand âge, il reprit la Vidéhaine, et joyeux il s’élança de nouveau dans les airs. Le monarque des vautours, Djatâyou pris aussitôt son essor dans les cieux, et, suivant le Démon, qui serrait la fille du roi Djânaka contre son flanc, il tint ce langage au ravisseur :

« Méchant, scélérat, artisan de cruautés, depuis que, poussé au vol par ton âme rapace, tes mains ont ravi Sîtâ, tu es comme une victime consacrée déjà pour l’autel ! Le héros tue son ennemi et le dépouille, ou, percé de flèches, il reste lui-même sans vie sur le champ de bataille ; mais le héros ne foule jamais la route où marche le voleur ! Combats, si tu es un héros ! Arrête un instant, Râvana, et tu vas te coucher mort sur la terre, comme ton frère le vaillant Khara ! Plus d’une fois, tu as vaincu dans la guerre les Dieux et les Dânavas ; mais le fils du roi Daçaratha, ce beau Râma, qui n’a point oublié ses exercices de kshatrya, tout vêtu qu’il est ici avec un habit d’écorce, t’aura bientôt fait mordre la poussière ! »

À ces mots du roi des oiseaux, l’orgueilleux monarque des Rakshasas lui répondit en ces termes, les yeux rouges de colère : « Tu nous as fait voir autant qu’il faut ton amitié pour le roi Daçaratha ; ce que tu devais à Râma est largement acquitté : ne te fatigue pas davantage ! »

À ces paroles fières, le plus éminent des oiseaux lui répondit sans émotion : « Montre-moi donc ici tout ce que tu as de force, de vigueur, de puissance et ton plus grand courage : cruel, tu ne t’en iras pas vivant ! Ravisseur des épouses d’autrui, âme impatiente, vendue au