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éperdue envoyer ici Lakshmana !… Il serait facile à Râvana d’enlever cette princesse, abandonnée par Lakshmana ! »

Mârîtcha, quittant sa forme empruntée de gazelle et reprenant sa forme naturelle de Rakshasa, ne montra plus, en sortant de la vie, qu’un corps gigantesque étendu sur la terre. À la vue de ce monstre, d’un aspect épouvantable, la pensée du Raghouide se tourna vers Sîtâ, et ses cheveux se hérissèrent d’effroi. Dès qu’il vit ces horribles formes de Rakshasa mises à découvert par la mort de ce cruel Démon, Râma se hâta de revenir aussitôt, l’âme troublée, par le même chemin qu’il était venu.


À peine eut-elle ouï ce cri de détresse, qui ressemblait à la voix de son époux, que Sîtâ dit à Lakshmana : « Va et sache ce que devient le noble fils de Raghou ; car et mon cœur et ma vie me semblent prêts à me quitter, depuis que j’ai entendu ce long cri de Râma, qui appelle au secours dans le plus grand des périls. Cours vite défendre ton frère, qui a besoin de secours et qui est tombé sous la puissance des Rakshasas, comme un taureau sous la griffe des lions ! »

À ces paroles, où la nature de la femme avait mêlé son exagération, Lakshmana répondit ces mots à Sîtâ, les paupières toutes grandes ouvertes par la peur : « Il est impossible à mes yeux que mon frère soit vaincu par les trois mondes, les Asouras et tous les Dieux, Indra même à leur tête… Le Rakshasa ne peut faire de mal à mon frère dans le plus petit même de ses doigts : pourquoi donc, reine, ce trouble qui t’émeut ? »

Quoi qu’elle eût dit, Lakshmana ne sortit point, obéis-