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thide, son arc à la main et se disant à lui-même : « Elle vient !… Je la vois !… Elle disparaît encore ! » parcourut çà et là toutes les parties du bois immense.

Enfin le Daçarathide, qu’elle trompait à chaque instant, arrivé sous la voûte ombreuse d’un lieu tapissé d’herbes nouvelles, s’arrêta dans cet endroit même. Là, de nouveau, se montra non loin sa gazelle, environnée d’autres gazelles, immobiles, debout près d’elle et qui la regardaient avec les yeux tout grands ouverts de la peur. À sa vue, bien résolu de la tuer, ce héros à l’immense vigueur, ayant bandé son arc solide, encoche la meilleure de ces flèches.

Soudain, visant la gazelle, Râma tire sa corde jusqu’au bord de son oreille, ouvre le poing et lâche ce trait acéré, brûlant, enflammé, que Brahma lui-même avait travaillé de ses mains ; et le dard habitué à donner la mort aux ennemis fendit le cœur de Mârîtcha. Frappé dans ses articulations par ce trait incomparable, l’animal bondit à la hauteur d’une paume et tomba mourant sous la flèche. Mais, le prestige une fois brisé par la sagette, il parut ce qu’il était, un Rakshasa aux dents longues et saillantes, orné de toutes parures avec une guirlande de fleurs, un collier d’or et des bracelets admirables. Abattu par ce dard sur la terre, Mârîtcha de pousser un cri épouvantable ; et la pensée de servir encore une fois son maître ne l’abandonna point en mourant. Il prit alors, cet artisan de fourberies, une voix tout à fait semblable à celle de Râma : « Hâ ! Lakshmana ! » exclama-t-il ;…« Sauve-moi ! » cria-t-il encore dans la grande forêt.

À cet instant même arrivé de sa mort, voici quelle fut sa pensée : « Si, à l’ouïe de cette voix, Sîtâ, remplie d’angoisse par l’amour de son mari, pouvait d’une âme