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tôt vers moi, s’il te plaît, nous irons de compagnie à la ville. Satisfaits d’avoir conquis Sîtâ lestement et trompé ses deux compagnons, nous marcherons alors en pleine sécurité et l’âme enivrée de notre succès. »

Mârîtcha, tombé dans le plus grand des périls et persuadé qu’il y trouverait sa mort, consterné, tremblant, pâle d’effroi et l’âme troublée par la crainte, Mârîtcha, voyant Râvana déterminé : « Marchons ! » dit-il au roi des noctivagues Démons, après qu’il eut soupiré mainte fois. Cette parole comble de joie le monarque des Rakshasas, qui l’embrasse étroitement et lui tient ce langage : « On reconnaît ta grande âme dans ce mot, que tu dis là comme de toi-même : te voilà donc revenu, Mârîtcha, à ta propre nature. Monte promptement avec moi dans ce char aux ornements d’or et doué lui-même d’un mouvement spontané. » Ils arrivèrent à la forêt Dandaka, et le roi des Rakshasas bientôt aperçut avec Mârîtcha l’ermitage du pieux Raghouide. Ils descendent alors du char magnifique, et Râvana tient ce langage à Mârîtcha, en prenant sa main : « Voici l’ermitage de Râma, qui se montre au loin, environné de bananiers : exécutons sans tarder, mon ami, l’affaire qui nous amène ici. » Celui-ci, à ces mots de Râvana, déploie toute sa promptitude, rejette au même instant ses formes de Rakshasa et devient, objet ravissant pour toutes les créatures, une gazelle d’or variée de cent mouchetures d’argent, parée de lotus, brillants comme le soleil, de lapis-lazuli et d’émeraudes. Quatre cornes faites d’or, autour desquelles s’enroulaient des perles, armaient son joli front. Le Démon, changé en gazelle, alla et vint devant la porte de Râma.

Ce malheureux, arrivé au terme de sa vie, roulait au même temps ces pensées en lui-même :