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« Comment donc viens-tu me jeter ici, Mârîtcha, ces discours sans utilité et qui ne peuvent absolument fructifier, comme le grain semé dans une terre saline ? Il est impossible que tes paroles m’inspirent la crainte de livrer une bataille à ce fils de Raghou, enchaîné à des observances religieuses, esprit stupide, et qui d’ailleurs n’est qu’un homme ; à ce Râma, qui, désertant ses amis, son royaume, sa mère et son père lui-même, s’est jeté d’un seul bond au milieu des bois sur l’ordre vil d’une femme. Il faut nécessairement que j’enlève sous tes yeux à cet homme, qui a tué Khara dans la guerre, cette belle Sîtâ, aussi chère à lui-même que sa vie ! C’est une résolution bien arrêtée ! elle est écrite dans mon cœur : les Asouras et tous les Dieux, Indra même à leur tête ne pourraient l’y effacer !

« Si tu ne fais pas la chose de bon gré, je te forcerai même à la faire malgré toi : quiconque, sache-le, se met en opposition avec les rois ne grandit jamais en bonheur ! Mais si, grâces à toi, mon dessein réussit, Mârîtcha, je donne en récompense à ta grandeur et d’une âme satisfaite la moitié de mon royaume. Tu agiras de telle sorte, ami, que j’obtiendrai la belle Vidéhaine : le plan de cette affaire est arrêté de manière que nous devons manœuvrer de concert, mais séparés. Si tu jettes un regard sur ma famille, mon courage et ma royale puissance, comment pourras-tu voir un danger redoutable dans ce Râma, de qui l’univers a déserté la fortune ?

« Ni Râma, ni quelque âme que ce puisse être chez les hommes, n’est capable de me suivre où je m’enfuirai dans les routes de l’air, aussitôt que je tiendrai la Mithilienne dans mes bras. Toi, revêtu des formes que va te prêter la magie, éloigne ces deux héros de l’ermitage,