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Insensé, c’est comme si tu voulais ravir sa lumière au soleil ! Quiconque aurait enlevé à Râma cette épouse d’un sang égal au sien, cette noble bru du roi Daçaratha, ne pourrait sauver sa vie, eût-il trouvé même un asile chez les treize immortels !

« Si tu veux conserver ton royaume, ton bonheur, tes voluptés, ta vie, garde-toi bien jamais d’attaquer l’auguste Râma. En effet, la vigueur fut donnée sans mesure à ce héros, de qui la fille du roi Djanaka est l’épouse dévouée sans relâche à ses devoirs et plus chère à lui-même que sa vie. Il ne t’est pas moins impossible d’enlever Sîtâ à la taille charmante de son asile entre les bras vigoureux de son époux, que de prendre même la flamme du feu allumé !

« Retourne à la ville, dépouille ta colère, sache te placer dans un juste milieu, délibère avec tes conseillers suivant que les affaires sont graves ou légères. Entoure-toi de tous les ministres, consulte dans toutes les affaires Vibhîshana, le prince des Rakshasas : il te dira toujours ce qu’il y a de plus salutaire. Consulte aussi Tridjatâ, la femme anachorète, exempte de tout défaut, parvenue à la perfection et riche d’une grande pénitence : tu recevras d’elle, roi des rois, le plus sage conseil. Quant aux affections irritantes, que dut naturellement verser dans ton cœur ce qui est arrivé, soit à Doûshana, soit à Khara, soit au Rakshasa Triçiras, soit à Çoûrpanakâ, comme à tous les autres démons, il faut en jeter, excuse-moi, grand roi des Rakshasas, il faut en jeter le fiel hors de ton cœur. »

Le monstre aux dix visages repoussa, dans son orgueil, les bonnes paroles que lui adressait Mârîtcha, comme le malade qui veut mourir se refuse au médicament :