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des créatures, il porte un vêtement d’écorces, il se dit un pénitent, mais il a une épouse avec lui et son bras est armé d’un arc !

« Il a, dis-je, une épouse, célèbre sous le nom de Sîtâ : c’est une femme aux grands yeux, douée parfaitement de jeunesse et de beauté, charmante comme Çri même Apadma. Aujourd’hui j’irai, moi ! dans le Djanasthâna, d’où j’emmènerai de force ce joyau du monde : sois mon associé dans cette expédition ! Avec toi pour compagnon, debout à mes côtés, Démon à la grande vigueur, je ne crains pas tous les Dieux en bataille, Indra même à leur tête.

« Métamorphosé en gazelle au pelage d’or, moucheté d’argent, rends-toi à l’ermitage de ce Râma, et montre-toi sous les yeux de Sîtâ. Sans doute, sortant de sa chaumière aussitôt qu’elle t’aura vu sous la forme de gazelle : « Prenez vivante cette jolie bête ! » dira-t-elle à son époux ainsi qu’à Lakshmana. Ces deux héros partis, l’ermitage reste vide et j’enlève à mon aise la belle Sîtâ sans appui, comme l’éclipse ravit à Lunus sa lumière. Avec le pied léger de la gazelle, ta révérence peut fuir aisément : elle a d’ailleurs le courage et la vigueur nécessaires à la gravité de cette mission. Parmi ces Rakshasas qui furent tués dans le Djanasthâna, il n’en était pas un qui fût égal à toi, sans excepter Doûshana, ou Triçiras, ou Khara même ! Quand Râma et Lakshmana seront occupés à suivre ta piste, quand j’aurai enlevé Sîtâ et donné à ma sœur la joie de cette vengeance, quand le rapt de son épouse aura sans peine étouffé dans le chagrin la vigueur de Râma, alors mon âme au comble de ses vœux goûtera le plaisir en toute sécurité. »

L’anachorète, engagé par ce discours à se mêler dans