temple ; et Doûshana lui-même fut abattu mourant sur le sol avec ses deux bras coupés, tel qu’un éléphant de l’Himâlaya, qui a perdu ses défenses. Alors, voyant Doûshana étendu sur la terre avec sa massue, toutes les créatures d’applaudir au Kakoutsthide, en lui criant : « Bien ! bien ! »
Le champ de bataille était vide de combattants, car le feu des flèches de Râma les avait tous dévorés ; et, tel que dans le Niraya[1], le sang et la chair en avaient détrempé l’argile. Les uns, percés d’une flèche, gisent privés de vie sur la terre : les autres se lamentent ; ceux-là fuient comme des insensés devant les dards qui les poursuivent. Râma, dans cette journée, immola quatorze milliers de Rakshasas aux exploits épouvantables ; et cependant il était seul, il était à pied, et ce n’était qu’un homme.
Le Rakshasa nommé Triçiras, ou le Démon aux trois têtes, se jeta devant le roi de l’armée défaite, Khara, qui s’avançait le front tourné vers le vaillant Raghouide, et lui tint ce langage : « Confie-moi ta vengeance, roi valeureux, et va-t’en d’ici promptement : tu verras bientôt le vaillant Râma tomber sous mes coups dans le combat. Ou je serai sa mort dans le combat, ou il sera mon trépas dans la bataille : mets donc un frein à ton ardeur belliqueuse et reste spectateur un instant. »
Calmé par ce langage de Triçiras, qui se précipitait de lui-même à la mort, Khara joyeux lui répondit en ces termes : « Qu’il en soit donc ainsi ! » Ensuite le Démon plein d’allégresse, ayant reçu congé dans le combat avec ce mot : « Va ! » élève bruyamment son arc et s’avance le front tourné en face de Râma.
- ↑ Le Tartare indien.