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de ma sœur. Satyavatî, la noble fille de Kouça, est donc aujourd’hui le premier des fleuves, parce qu’elle a été pure, dévouée aux saints devoirs de la vérité et chastement unie à son époux. C’est de là que, voulant accomplir un vœu, je suis venu à l’Ermitage-Parfait, où grâce à ton héroïsme, vaillant fils de Raghou, mon sacrifice a été parfait.

« Mais, tandis que je raconte, la nuit est arrivée à la moitié de son cours ; va donc cultiver le sommeil : que la félicité descende sur toi, et puisse notre voyage ne connaître aucun obstacle !

« Les arbres sont immobiles ; les quadrupèdes et les volatiles reposent : les ténèbres de la nuit enveloppent toutes les régions du ciel. Il semble qu’on ait fardé tout le firmament avec une poussière fine de sandal ; les étoiles d’or, les planètes et les constellations du zodiaque le tiennent, pour ainsi dire, embrassé. L’astre, que le monde aime à cause de ses rayons frais, l’astre des nuits se lève, comme pour verser dans ses clartés radieuses la joie sur la terre, haletante, il n’y a qu’un instant, sous la chaleur enflammée du jour. C’est l’heure où l’on voit circuler hardiment tous les êtres qui rôdent au sein des nuits, les troupes des Yakshas, des Rakshasas et des autres Démons, qui se repaissent de chair. »

Après ces mots, le grand anachorète cessa de parler, et tous les solitaires, s’écriant à l’envi : « Bien !… c’est bien ! » saluent d’un applaudissement unanime le fils de Kouça.


Ces grands saints dormirent le reste de la nuit au bord de la Çona, et, quand l’aube eut commencé d’éclai-