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fruits leur seule nourriture, ils ne peuvent goûter la paix un moment, opprimés qu’ils sont à la ronde par les hideux Rakshasas. Enchaînés à tous les instants du jour dans les liens de leurs différentes pénitences, ils sont dévorés au milieu des bois par ces démons féroces, difformes, qui vaguent dans l’épaisseur des fourrés.

«  Ces bonnes paroles, que vient de t’inspirer le dévouement pour moi, sont telles qu’on devait s’attendre, femme charmante, à les trouver dans ta bouche, et conformes à la noblesse de ta race. Oui ! ces paroles, que tu m’as dites, inspirées de l’amour et de la tendresse, c’est avec plaisir que je les ai entendues, chère Vidéhaine ; car à celui qu’on n’aime pas, jamais on ne donne un conseil. »

Quand ils eurent marché une longue route, ils virent de compagnie, au coucher du soleil, un beau lac répandu sur un yodjana en longueur. Dans ce lac charmant aux limpides ondes, on entendait le chant de voix célestes marié au concert des instruments de musique, et cependant on ne voyait personne. Alors, poussés par la curiosité, Râma, et Lakshmana, s’approchant d’un solitaire nommé Dharmabhrita : «  Un spectacle si merveilleux a fait naître en nous tous une vive curiosité. Qu’est-ce que cela, ermite à l’éclatante splendeur ? lui demandent ces héros fameux : allons ! raconte-nous ce mystère ! »

À cette question du magnanime fils de Raghou, le solitaire, qui était comme le devoir même en personne, se mit à lui raconter ainsi l’origine de ce lac :«  On dit, Râma, que c’est l’anachorète Mandakarni, qui jadis, grâce au pouvoir de sa pénitence, créa ce bassin d’eau, nommé le lac des Cinq-Apsaras. En effet, ce grand solitaire, assis sur une pierre et n’ayant que le vent pour