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l’effroi de saisir à l’instant les sauvages hôtes des bois, quand ils voient l’homme de guerre s’avancer ainsi. Les armes inspirent même à ceux qui vivent dans une solitude l’envie de tuer et de répandre le sang.

«  Jadis s’était confiné dans les bois je ne sais quel ascète, qui, vainqueur de ses organes des sens, était arrivé à la perfection dans la forêt des pénitents. Là, quelqu’un étant venu trouver l’anachorète, qui se maintenait dans une grande vertu, laissa dans ses mains, à titre de dépôt, une épée excellente et bien affilée.

«  Une fois qu’il eut cette arme, l’ermite se dévouant au soin de conserver son dépôt, ne s’en fiait qu’à lui seul et ne quittait pas même cette épée dans les forêts. En quelque lieu qu’il aille recueillir des fruits ou des fleurs, il n’y va jamais sans porter ce glaive, tant son dépôt le tient dans une continuelle inquiétude. À force d’aller et venir sans cesse autour de cette arme, il arriva que peu à peu l’homme qui avait thésaurisé la pénitence finit par habituer sa pensée à la cruauté et perdit ses bonnes résolutions de pénitent. Ensuite, arraché au devoir par son âme, que cette familiarité avec une épée avait menée ainsi jusqu’à l’endurcissement, l’anachorète alors de tomber dans l’abîme infernal.

«  C’est un souvenir que mon amour, que mon culte envers toi rappelle à ta mémoire : n’y vois pas une leçon que je veuille ici te donner. Il te faut de toute manière éviter l’impatience, maintenant que tu as pris ton arc à la main. On ne déchaîne pas la mort contre les Rakshasas mêmes sans un motif d’hostilité.

«  Quelle différence il y a des armes, des combats, des exercices militaires aux travaux de la pénitence ! Celle-ci