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souliers avec lui. Il entra dans le village avec empressement, descendit à la hâte de son char et tint ce langage aux vénérables : « Mon frère m’a donné lui-même cet empire comme un dépôt, et ces deux souliers, jolis à voir, qui sauront le gouverner sagement. »

À ces mots, Bharata mit sur sa tête, reposa ensuite les deux chaussures, et, consumé de sa douleur, il adressa ce discours à tous les sujets, répandus en couronne autour de lui : « Apportez l’ombrelle ! Hâtez-vous d’en couvrir cette chaussure, qu’ont touchée les pieds du noble anachorète ! Les souliers, ornés de cet emblème, exerceront ici la royauté. Ma fonction à moi, c’est de veiller, jusqu’au retour de ce digne enfant de Raghou, sur le cher dépôt que son amitié même a remis dans mes mains. Un jour, quand j’aurai pu rendre au noble Râma les souliers saints qu’il m’a confiés, et ce vaste empire dont je suis investi, c’est alors que je serai lavé de mes souillures dans Ayodhyâ. Une fois l’onction royale donnée à cet illustre fils de Kakoutstha et le monde élevé au comble de la joie par son couronnement, quatre royaumes comme celui-ci ne payeraient pas mon bonheur et ma gloire ! »

Après que Bharata, l’homme à la grande renommée, eut exhalé ces paroles du fond de sa tristesse, il établit le siége de l’empire dans Nandigrâma, qu’il honora de sa résidence avec ses ministres. Dès lors on vit l’infortuné Bharata habiter dans Nandigrâma avec son armée, et ce maître du monde y porter l’habit d’anachorète, ses cheveux en djatâ et le valkala fait d’écorces. Là, fidèle à l’amour de son frère aîné, se conformant à la parole de Râma, exécutant sa promesse, il vivait dans l’attente de son retour. Ensuite le beau jeune prince, ayant sacré les