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que : « As-tu vu Râma ? lui dit l’homme saint. As-tu fait là, mon ami, ton affaire ? »

À ces paroles du sage anachorète, Bharata, si attaché au devoir, fit cette réponse à l’ermite, qui chérissait le devoir : « Malgré toutes mes supplications jointes aux prières mêmes des vénérables, ce digne enfant de Raghou, ferme dans sa résolution, nous a tenu chez lui ce langage au comble d’une joie suprême : « Je veux tenir sans mollesse la parole que j’ai donnée à mon père dans la vérité : je reste donc ici les quatorze années, suivant la promesse que j’ai faite à mon père. »

« Quand ce prince à la vive splendeur eut achevé ces paroles, Vaçishtha, qui sait manier le discours, répondit en ces mots solennels à ce fils de Raghou, habile dans l’art de parler : « Tigre des hommes, ô toi, qui es ferme dans tes vœux et comme le devoir incarné, donne tes souliers à ton frère ; car ils mettront la paix et le bonheur dans les affaires au sein d’Ayodhyâ. » À ces mots de Vaçishtha, le noble Râma se tint debout, la face tournée à l’orient, et me donna, comme symbole du royaume, les deux souliers bien faits et charmants. J’acceptai ce don et maintenant, congédié par le très-magnanime Râma, je m’en retourne sur mes pas à la ville d’Ayodhyâ. »

Quand il eut ouï ces belles paroles du prince à la grande âme, l’anachorète Bharadwâdja fit cette réponse à Bharata : « Il est immortel ce Daçaratha, ton père, glorieux de posséder un tel fils en toi, qui sembles à nos yeux le devoir même revêtu d’un corps humain. »

Quand le saint eut achevé ces mots, Bharata, joignant les mains, se mit à lui présenter ses adieux et se prosterna même aux pieds du solitaire à la vaste science.