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les épouses, les enfants, les amis, les richesses vont de compagnie avec nous dans cette vie l’espace d’un instant, et disparaissent ; car ils ne peuvent éviter l’heure qui les détruit. Nul être animé n’est entré dans la vie sous une autre condition : aussi, tout homme ici-bas, qui pleure un défunt, lui consacre des larmes qui ne sont point dues à son trépas. La mort est une caravane en marche, tout ce qui respire est placé dans sa route et peut lui dire : « Moi aussi, je suivrai demain les pas de ceux que tu emmènes aujourd’hui ! » Comment donc l’homme infortuné pourrait-il se désoler au sujet d’une route qui existait avant lui, sur laquelle ont passé déjà son père et ses aïeux, qui est inévitable et dont il n’est aucun moyen d’éluder la nécessité ? L’oiseau est fait pour voler et le fleuve pour couler rapidement : mais l’âme est donnée à l’homme pour la soumettre au devoir ; les hommes sont appelés avec raison les attelages du Devoir.

« Les âmes, qui ont accompli saintement le devoir, lavées de leurs péchés par une conduite pure et des sacrifices payés convenablement aux deux fois nés, obtiennent l’entrée du ciel, où habite Brahma, l’auteur des créatures. Notre père, sans aucun doute, fut admis au séjour de la béatitude, lui, qui a bien nourri ses domestiques, gouverné ses peuples avec sagesse et distribué des aliments à la vertu indigente. Le ciel a reçu, n’en doutez pas, ce dominateur de la terre, qui a célébré mainte et mainte sorte de sacrifices, savouré toutes les félicités d’ici-bas et prolongé sa vie jusqu’au plus avancé des âges.

« Par conséquent, ces larmes, répandues sur une âme qui a reçu de si belles destinées, elles ne siéent point à un homme sage, de ta sorte, ni de la mienne, qui a