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fin des élévations, la séparation est la fin des assemblages et la mort est la fin de la vie. Comme ce n’est pas une autre cause que la maturité qui met les fruits en péril de tomber : ainsi le danger de la mort ne vient pas chez les hommes d’une autre cause que la naissance.

« Telle que s’affaisse une maison devenue vieille, bien qu’épaisse et jusque-là solide, tels s’affaissent les hommes arrivés au point où la mort peut jeter sur eux son lacet. La mort marche avec eux, la mort s’arrête avec eux, et la mort s’en retourne avec eux, quand ils ont fait un chemin assez long. Les jours et les nuits de tout ce qui respire ici-bas s’écoulent et tarissent bientôt chaque durée de la vie, comme les rayons du soleil au temps chaud tarissent l’eau des étangs. Pourquoi pleures-tu sur un autre ? Pleure, hélas ! sur toi-même, car, soit que tu reposes ou soit que tu marches, ta vie se consume incessamment. Les rides sont venues sillonner vos membres, l’hiver de la vie a blanchi vos cheveux, la vieillesse a brisé l’homme, quelle chose maintenant peut-il faire d’où lui vienne du plaisir. Les hommes se réjouissent, quand l’astre du jour s’est levé sur l’horizon : arrive-t-il à son couchant, on se réjouit encore, et personne, à cette heure comme à l’autre, ne s’aperçoit qu’il a marché lui-même vers la fin de sa vie ! Les êtres animés ont du plaisir à voir la fleur nouvelle, qui vient succéder à la fleur dans le renouvellement des saisons, et ne sentent pas que leur vie coule en même temps vers sa fin en passant avec elles par ces mêmes successions.

« Tel qu’un morceau de bois flottant se rencontre avec un morceau de bois promené dans l’Océan ; les deux épaves se joignent, elles demeurent quelque peu réunies et se séparent bientôt pour ne plus se rejoindre : ainsi,