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qui pleuraient en offrant le don funèbre de l’onde aux mânes de leur noble père, vinrent frapper les oreilles des guerriers de Bharata : « Sans doute Bharata, se disaient-ils effrayés, a déjà fait son entrevue avec Râma ; et ce grand bruit vient des cris que poussent les quatre fils sur la mort du père ! » À ces mots, tous ils abandonnent leur campement et courent d’eux-mêmes, le front tourné vers l’ermitage, isolément ou par groupes, suivant que le voisinage les avait ou non rassemblés.

Quand Râma les vit ainsi plongés dans la douleur et les yeux noyés de larmes, lui, qui n’ignorait pas le devoir, il les embrassa tous avec l’affection d’un père et l’amour d’une mère. L’illustre fils du roi les embrassa donc sans distinction, et tous sans distinction furent admis à le saluer : il s’entretint même familièrement avec tous, comme il eût fait avec des hommes qualifiés.

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Arrivées là d’une marche hâtée, les veuves du monarque voient enfin Râma, qui semblait dans son ermitage un Dieu tombé du ciel. À l’aspect du prince dans un tel dénûment de toutes les voluptés, ses royales mères, désolées et comme irrassasiables de chagrin, se mirent toutes à verser des larmes et des plaintes éclatantes. Aussitôt Râma se lève ; il prend de ses mains douces au toucher les pieds de toutes ses nobles mères, en suivant l’ordre établi des préséances, et les presse avec les surfaces de ses doigts veloutés. Les épouses du roi baisèrent le front de Râma et se mirent à pleurer.

Le fils même de Soumitrâ, le corps incliné et la tristesse au cœur, s’avança derrière lui pour saluer toutes ses royales mères en proie à la douleur.

Sîtâ, dans une vive affliction, toucha en pleurant le