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tomba sur la terre, comme un arbre à la cime fleurie, que la hache vient d’abattre au milieu d’une forêt. Alors ses frères et la chaste Vidéhaine, tous en larmes et déchirés par une double peine, d’arroser avec l’eau des yeux ce héros au grand arc, ce Râma, le maître de la terre, étendu maintenant sur la terre, comme un éléphant couché au bord des eaux et que l’écroulement d’une berge écrasa dans le sommeil. Mais quand il eut repris sa connaissance, les yeux baignés de larmes à la pensée de son père descendu au tombeau : « Infortuné que je suis ! dit-il à Bharata, que puis-je faire, hélas ! pour ce magnanime, mort de chagrin à cause de moi, qui n’ai pu lui payer les derniers honneurs ? Heureux êtes-vous, et toi, vertueux Bharata, et Çatroughna, vous, de qui ce monarque a reçu tous les honneurs dus aux morts !

« Parvenu au terme de mon exil dans les bois, je sens que je n’aurai pas même la force de retourner dans cette Ayodhyâ, privée de son chef, veuve du meilleur des rois et troublée dans la paix de son esprit. De quelle bouche entendrais-je maintenant ces paroles si douces à mon oreille, avec lesquelles mon père me consolait à mon retour des pays étrangers ! »

Quand il eut parlé de cette manière à Bharata, le noble anachorète, s’étant approché de Sîtâ : « Ton beau-père est mort, Sîtâ, dit-il, consumé par sa douleur, à cette femme au visage charmant comme une pléoménie ; et ce bon Lakshmana a perdu son père : Bharata vient de m’apprendre ce malheur, que le maître de la terre nous a quittés pour le ciel. » À cette nouvelle que son beau-père, ce révérend de tous les mondes, était mort, la fille du roi Djanaka ne put rien voir de ses yeux, tant ils se remplirent de larmes !