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la forêt Dandaka, ermite vêtu d’un valkala. Quand l’éminent, le juste roi a fait ainsi nos parts à la face de la terre ; quand, nous laissant à cet égard ses commandements, il s’en est allé dans le ciel, si Daçaratha, le roi des rois et le vénérable du monde, a fixé son choix sur ta personne, ce qui te sied, à toi, c’est de savourer ton lot, comme il te fut donné par ton père. Moi, bel ami, confiné pour quatorze années dans la forêt Dandaka, je veux goûter ici ma part, telle que me l’a faite mon magnanime père. »

À ces mots de Râma : « Quand j’aurai déserté le devoir, lui répondit Bharata, ma conduite pourra-t-elle être jamais celle d’un roi ? Il est une loi immortelle, noble prince, qui toujours exista chez nous ; la voici : « Tant que l’aîné vit, son puîné, Râma, n’a aucun droit à la couronne. » Va, digne fils de Raghou, va dans la délicieuse Ayodhyâ, pleine de riches habitants, et fais-toi sacrer ! En effet, ta grandeur n’est-elle pas maintenant le chef de notre famille ? Tandis que je vivais heureux à Kékaya et que l’exil te conduisait en ces bois, le grand monarque, notre père, estimé des hommes vertueux, s’en est allé dans le ciel. Lève-toi donc, tigre des hommes, et répands l’eau en l’honneur de ses mânes ! On assure que l’eau, donnée par une main chérie, demeure intarissable dans les mondes où habitent les mânes ; et ta grandeur était, noble Râma, le plus cher de tous ses fils. »

À ce discours touchant, avec lequel Bharata lui remettait la mort de son père sous les yeux, l’aîné des jeunes Raghouides sentit son esprit s’en aller. Quand il eut ouï s’échapper des lèvres de Bharata ces paroles foudroyantes, semblables au tonnerre lancé dans un combat par le céleste dispensateur des pluies, Râma étendit les bras et