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« Où ton père est-il, mon ami, que tu es venu dans ces forêts ? car tu ne peux y venir sans lui, quand ton père vit encore. Va-t-il bien ce roi Daçaratha, fidèle observateur de la vérité, ce prince continuellement occupé de sacrifices, soit râdjasoûyas, soit açvamédhas, et qui sait le devoir dans sa vraie nature ? Ce brahme savant, inséparable de la justice, le précepteur des Ikshwâkides, est-il honoré comme il doit l’être, mon ami, cet homme riche en mortifications ? Kâauçalyâ est-elle heureuse avec son illustre compagne Soumitrâ ? Est-elle aussi dans la joie cette Kêkéyî, l’auguste reine ?

« Tes ministres sont-ils pleins de science, mon ami, remplis de courage, maîtres de leurs sens, attentifs à ton moindre geste, l’âme toujours égale, reconnaissants et dévoués ?

« En effet, le conseil, fils de Raghou, est la racine de la victoire : elle habite dans les palais du roi au milieu des plus sages ministres et des conseillers instruits dans les devoirs. Ne donnes-tu point au sommeil trop d’empire sur toi ? Te réveilles-tu à l’heure accoutumée du réveil ? Versé dans la science des affaires, ton esprit en est-il occupé même dans les nuits qui n’y sont pas destinées ? Tu n’hésites pas sans doute à payer un seul homme savant le prix de mille ignorants ? car, dans les affaires épineuses un homme instruit peut dire une parole salutaire.

« Tu ne fréquentes pas, j’espère, des brahmanes athées ? car ce sont des insensés, habiles tisseurs de futilités, orgueilleux d’une science inutile. D’une nature difficile pour concevoir une autre théologie plus élevée, ils te viennent débiter de vaines subtilités, après qu’ils ont détruit en eux la vue de l’intelligence ! As-tu soin d’imiter, jeune taureau du troupeau des hommes, la conduite