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humblement alors son vêtement d’écorce et ses cheveux à la manière des anachorètes.

Inondé par la douleur et le chagrin, à l’aspect du noble ermite se délassant assis entre son épouse et Lakshmana, le fortuné Bharata, ce vertueux fils de l’injuste Kêkéyî, se précipita vers son frère ; mais, plus près de sa vue, il gémit avec désespoir, et, n’étant plus maître de conserver sa fermeté, il balbutia ces mots d’une voix suffoquée par ses larmes : « Celui que naguère tant de chars, d’éléphants et de coursiers environnaient de tous les côtés ; celui, qu’il était presque impossible au monde de voir, tant les foules avides se faisaient obstacle l’une à l’autre ; ce héros, mon frère aîné, le voilà donc assis, entouré seulement par les animaux des forêts ! Lui qui, pour se vêtir, possédait naguère des habits par nombreux milliers, il n’a donc ici qu’une peau de gazelle pour dormir sur le sein de la terre ! Et c’est à cause de moi que mon frère, habitué à tous les plaisirs de l’existence, fut précipité dans une telle infortune ! Barbare que je suis ! Honte éternelle à ma vie, blâmée dans l’univers ! »

Arrivé près de Râma en gémissant ainsi et la sueur inondant son visage de lotus, le malheureux Bharata de tomber à ses pieds en pleurant. Consumé par sa douleur, ce héros à la grande force, ce fils désolé du roi, Bharata dit : « Seigneur ! » une fois seulement, et fut incapable de rien ajouter à cette parole. Çatroughna, de son côté, s’inclina tout en pleurant aux pieds de Râma, qui les embrassa tous deux et mêla ses larmes aux pleurs de ses frères.

L’aîné des Raghouides mit un baiser au front de Bharata, le serra dans ses bras, le fit asseoir sur le haut de sa cuisse et lui adressa même ces questions avec intérêt :