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chastes filles, comme je pense que ce jour vient d’amener pour vous le temps du mariage. Allez donc où il vous plaît d’aller, mes enfants : moi, je vais occuper ma pensée de votre bonheur à venir. »

« Ensuite, quand ce roi, le plus vertueux des monarques, eut congédié les tristes jeunes filles, il se mit, en homme versé dans la science du devoir, à délibérer avec ses ministres sur le mariage des cent princesses. Enfin, c’est de ce jour que Mahaudaya fut dans la suite des temps appelé Kanyakoubja, c’est à dire la ville des jeunes bossues, en mémoire du fait arrivé dans ces lieux, où jadis le Vent déforma les cent filles du roi et les rendit toutes bossues.

Dans ce temps même, un grand saint, nommé Halî, anachorète d’une sublime énergie, accomplissait un vœu de chasteté vraiment difficile à soutenir. — Une Gandharvî[1], fille d’Orûnâyou, appelée Saumadâ, s’était elle-même enchaînée du même vœu très-saint et veillait avec des soins attentifs autour du brahmatchâri, tandis qu’il se consumait dans sa rude pénitence. Elle souhaitait un fils, Râma ; et ce désir lui avait inspiré d’embrasser une obéissance soumise et pieusement, dévouée à ce grand saint, absorbé dans la contemplation. Après un long temps, l’anachorète satisfait lui dit : « Je suis content : que veux-tu, sainte, dis-moi, que je fasse pour toi ? » Aussitôt que la Gandharvî eut reçu de l’anachorète ces paroles de satisfaction, elle joignit les mains et lui fit connaître en ces mots composés de syllabes douces à quelle chose aspirait son vœu le plus ardent : « Ce que

  1. Les Gandharvas sont les musiciens du ciel : ce mot au féminin est gandharvî.