qu’il portait à son frère vénérable, il avait pris les devants et s’en allait d’un pied hâté. Soumantra, de son côté, suivit également Çatroughna d’une marche vive, car la vue toute prochaine de Râma fit naître en lui-même une joie égale à celle de Bharata.
Ce resplendissant taureau du troupeau des hommes, ce héros aux longs bras dit à tous les ministres, que son père vivant traitait avec faveur : « Nous voici, je pense, arrivés au lieu dont Bharadwâdja nous a parlé. Le fleuve Mandâkinî, je pense, n’est pas très-loin d’ici. Cette provision de fruits, ces fleurs recueillies, ce bois coupé, ces racines roulées en bottes, ces habits pendus en l’air : tout cela, sans doute, est l’ouvrage de Lakshmana. Le chemin est jalonné par des signes pour guider ceux qui reviennent à l’ermitage après que le jour est tombé. C’est de la chaumière de Râma que je vois monter et se mêler au ciel bleu cette fumée du feu sacré, que les pénitents désirent alimenter sans fin au milieu des forêts. C’est donc aujourd’hui que mes yeux verront ce digne rejeton de Kakoutstha, lui, de qui l’aspect ressemble au port d’un grand saint et qui remplit dans ces bois les commandements de mon père ! »
Là, dans un lieu tourné entre le septentrion et l’orient, Bharata vit dans la maison de Râma un autel pur, où brillait allumé son feu sacré. Un instant, il parcourut des yeux ce foyer saint ; puis il aperçut le révérend solitaire, assis dans sa hutte en feuillage, ce Râma aux épaules de lion, aux longs bras, à l’émail de ses grands yeux pur comme un lotus blanc, ce protecteur de la terre enclose dans les bornes de l’Océan, ce héros à la grande âme, à la haute fortune, immortel comme Brahma lui-même, et qui, fidèle à marcher dans son devoir, portait