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de chagrin, son fils abattu sous mon bras dans la bataille, comme un arbre qu’un éléphant a brisé. »

Râma sans colère se mit à calmer Lakshmana, bouillant de courroux, et tint ce langage au fils de Soumitrâ : « Quand et de quel acte odieux Bharata s’est-il jamais rendu coupable à ton égard ? As-tu reçu de lui une offense que tu veuilles le tuer ? Garde-toi de lancer à Bharata un mot violent ou fâcheux ; car toute parole amère tombée sur Bharata, je la tiendrais comme jetée sur moi-même ! Est-il possible qu’un fils, réduit à toutes les extrémités du malheur, attente à la vie de son père ? Et quel frère pourrait, fils de Soumitrâ, verser le sang d’un frère, son meilleur ami ? »

À ces mots d’un frère si dévoué au devoir, si attentif à la vérité, la pudeur fit rentrer, pour ainsi dire, Lakshmana dans ses membres. À peine eut-il entendu ce langage, que, plein de confusion, il répondit : « Je le pense, Bharata, ton frère ne vient ici que pour nous voir. » Et Râma voyant Lakshmana tout confus, se hâta de lui dire : « C’est aussi mon avis ; ce héros aux longs bras vient ici pour nous voir. »


L’armée, à qui Bharata fit cette défense : « Ne gâtez rien ! » se mit à construire ses logements tout à l’entour de cette région. Les troupes du héros né d’Ikshwâkou environnèrent la montagne et campèrent dans cette forêt, avec leurs éléphants et leurs chevaux, à la distance d’une moitié et quelque chose même en sus de l’yodjana.

L’armée s’étant logée, l’éminent Bharata, impatient de voir son frère, se dirigea vers l’ermitage, accompagné de Çatroughna. Il avait donné cet ordre à Vaçishtha le saint : « Amène vite mes nobles mères ! » et, stimulé par l’amour