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longs bras, et, rassurant sa tremblante épouse, il menaça le grand singe.

Dans ce mouvement, le tilaka d’arsenic rouge, que Sîtâ portait au milieu du front, vint à s’imprimer sur le sein de l’anachorète à la vaste poitrine. Le chef de la bande quadrumane s’éloigne, et Sîtâ de rire à la vue de son tilaka, dont l’image empruntée se détachait en rouge sur la couleur azurée de son époux.

Lakshmana vint à sa rencontre avec un vif empressement, et le Soumitride fit voir à ce frère bien-aimé, qu’il vénérait comme son gourou même, divers travaux qu’il avait exécutés pendant son absence. Il avait tué de ses flèches étincelantes dix gazelles noires, sans tache : il avait boucané la chair des unes, il avait haché celles-là ; telles autres étaient crues et telles autres déjà cuites. À la vue de cet ouvrage, le frère du Soumitride fut satisfait et, se tournant vers Sîtâ, lui donna cet ordre : « Que l’on nous serve à manger ! »

La noble dame commença par jeter de la nourriture à l’intention de tous les êtres ; cela fait, elle apporta devant les deux frères du miel et de la viande préparée. Quand elle eut rassasié la faim de ces deux héros, quand l’un et l’autre se fut purifié, alors et seulement après eux, suivant la règle, cette fille du roi Djanaka pris enfin sa réfection.

« Noble fils de Soumitrâ, lui dit son frère avec tranquillité, j’entends la terre qui résonne profondément : tâche de pénétrer quelle peut être la vraie nature de ce bruit. »

Aussitôt Lakshmana se hâte de monter sur un arbre fleuri, d’où il observe l’un après l’autre chaque point de l’espace. Il promène sa vue sur la région orientale, il