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sacrifice. Plonge tes deux mains semblables aux pétales du lotus, noble dame, plonge tes mains dans cette rivière, la plus sainte des rivières, cueille de ses nymphéas et bois de son eau limpide. Pense toujours, femme chérie, que cette montagne pleine de ses arbres, c’est Ayodhyâ pleine de ses habitants, et que ce fleuve, c’est la Çarayoû même.

« Lakshmana, que le devoir inspire et qui se tient attentif à mes ordres, Lakshmana et toi, ma chère Vidéhaine, faites naître ici ma félicité. »

Quand Râma eut fait voir à la fille du roi Djanaka les merveilles du mont Tchitrakoûta et de ce fleuve, agréable champ de lotus, il s’en alla d’un autre côté. Au pied septentrional de la montagne, il vit une grotte charmante sous une voûte de roches et de métaux, secret asile, peuplé d’une multitude d’oiseaux ivres de joie ou d’amour, ombragé par des arbres aux branches courbées sous le poids des fleurs, à la cime doucement balancée par le souffle du vent. À l’aspect de cette grotte faite pour captiver les regards et l’âme de toutes les créatures, l’anachorète issu de Raghou dit à Sîtâ, dont les beautés de ce bois tenaient les yeux émerveillés :

« Ma Vidéhaine chérie, ta vue s’arrête enchantée devant cette grotte de la montagne : eh bien ! asseyons-nous là maintenant pour nous délasser de notre fatigue. C’est en quelque sorte pour toi-même que ce banc de pierre fut disposé là devant toi : à côté, la cime de cet arbre le couvre de ses rameaux pendants comme d’une crinière embaumée, d’où s’écoule une pluie de fleurs. »

Il dit ; et Sîtâ, que la nature seule avait faite toute belle, répondit à son époux avec le plus doux langage et d’une voix saturée d’amour : « Il m’est impossible de ne pas obéir à ces paroles de toi, noble fils de Raghou !