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fumée qui s’élevait devant elle par-dessus les bois ; et l’espérance de se réunir dans un instant au bien-aimé Râma augmentait encore la joie de tous les cœurs.


Après qu’il eut demeuré là un long espace de temps, comme le plus noble ami de cette montagne, tantôt amusant de propos aimables sa chère Vidéhaine, tantôt absorbé dans la contemplation de sa pensée, le Daçarathide, semblable à un immortel, fit voir à son épouse les merveilles du mont Tchitrakoûta, comme le Dieu qui brise les cités en eût montré le tableau à sa compagne, la divine Çatchî. » Depuis que j’ai vu cette délicieuse montagne, Sîtâ, ni la perte de cette couronne tombée de ma tête, ni cet exil même loin de mes amis ne tourmente plus mon âme. Vois quelle variété d’oiseaux peuple cette montagne, parée de hautes crêtes, pleines de métaux et plus élevées que le ciel même, pour ainsi dire. Les unes ressemblent à des lingots d’argent, celles-ci paraissent telles que du sang, celles-là imitent les couleurs de la garance ou de l’opale, les autres ont la nuance de l’émeraude. Telle semble un tapis de jeune gazon, et telle un diamant, qui s’imbibe de lumière. Partout enfin cette montagne, embellie déjà par la variété de ses arbres, emprunte encore l’éclat des joyaux à ses hautes crêtes, parées de métaux, hantées par des troupes de singes et peuplées d’hyènes, de tigres ou de léopards.

« Regarde, pendus aux branches, ces glaives et ces vêtements précieux ! Regarde ces lieux ravissants, que les épouses des Vidyâdharas ont choisis pour la scène de leurs jeux ! Partout on voit ici les cascades, les sources et les ruisseaux couler sur la montagne : on dirait un éléphant dont la sueur de rut arrose les tempes.