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« À l’aspect de ses filles, tout à l’heure d’une beauté nonpareille, maintenant flétries et la taille déviée, le monarque dit avec émotion ces paroles aux princesses désolées : — « Quelle chose vois-je donc ici, mes filles ? Dites-le moi ! Quel être eut une âme assez violente pour attenter sur vos personnes et vous rendre ainsi toutes bossues ?

« À ces mots du sage Kouçanâbha, les cent jeunes filles répondirent, baissant leur tête à ses pieds : — « Enivré d’amour, le Vent s’est approché de nous ; et, franchissant les bornes du devoir, ce Dieu s’est porté jusqu’à nous faire violence. — Toutes cependant nous avions dit à ce Vent, tombé sous l’aiguillon de l’Amour : « Dieu fort, nous avons un père ; nous ne sommes pas maîtresses de nous-mêmes. Demande-nous à notre père, si ta pensée ne veut point une autre chose que ce qui est honnête. Nos cœurs ne sont pas libres dans leur choix : sois bon pour nous, toi qui es un Dieu ! » Irrité de ce langage, le Vent, seigneur, fit irruption dans nos membres : abusant de sa force, il nous brisa et nous rendit bossues, comme tu vois. »

« Après que ses filles eurent achevé ce discours, le dominateur des hommes, Kouçanâbha fit cette réponse, noble Râma, aux cent princesses : « Mes filles, je vois avec une grande satisfaction que ces violences du Vent, vous les avez souffertes avec une sainte résignation, et que vous avez en même temps sauvegardé l’honneur de ma race. En effet, la patience, mes filles, est le principal ornement des femmes ; et nous devons supporter, c’est mon sentiment, tout ce qui vient des Dieux. Votre soumission à de tels outrages commis par le Vent, je vous l’impute à bonne action ; aussi je m’en réjouis, mes