goûter. Piétons, cavaliers, valets d’armée, ils furent ainsi tous repus jusqu’à satiété et revêtus entièrement d’habits neufs.
Les éléphants, les chameaux, les ânes, les taureaux, les chèvres, les brebis, en un mot, tous les quadrupèdes et les volatiles, si différents qu’ils soient par les cris et la marche, furent de même repus jusqu’à satiété. On n’aurait pas vu là un homme qui n’eût point des habits propres, qui eût faim, qui eût une ordure à son corps : il n’y avait pas alors dans l’armée un seul homme de qui les cheveux fussent imprégnés de poussière.
Aux quatre flancs des troupes stagnaient des lacs sur un limon de lait caillé ; des fleuves roulaient dans leurs ondes la réalisation de tous désirs ; les arbres stillaient du miel. Des étangs s’offraient pleins de rhum, environnés, là par des monceaux de viandes cuites, rôties ou bouillies de perdrix, de paons, de gazelles, de chèvres mêmes et de sangliers, ici par des amas de mets exquis, les plus délicats, assaisonnés avec un extrait de fleurs ou nageant dans les flots d’une sauce douée des plus riches saveurs.
Çà et là se tiennent plusieurs milliers de plats d’or, bien lavés, pleins d’aliments, ornés de fleurs et de banderoles, des vases, des urnes, des bassins, élégamment décorés et remplis de miel ou de frais babeurre, qui sent la pomme d’éléphant. Des lacs, réceptacles de saveurs exquises, débordaient, les uns de caillé, les autres de lait blanc, et voyaient s’élever sur leurs bords des montagnes de sucre. Le long des tîrthas, écoulés des fleuves, on voyait des amphores contenant des gommes, des poudres, des onguents et différentes substances pour les ablutions, avec des boîtes renfermant ou du sandal,