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ce moment les formes de femmes charmantes dans l’ermitage de l’anachorète :

« Allons ! disaient-elles ; tout est prêt ! Que l’on boive à sa fantaisie du lait, de la sourâ mêlée d’eau ou de la sourâ pure ! Toi, qui désires manger, savoure ici à ton gré les viandes les plus exquises ! »

Ont-elles pu mettre la main sur un seul homme, cinq et six de ces femmes le saisissent, le revêtent de somptueux habits ou le baignent sur les rives enchanteresses des rivières.

Celles-là font manger elles-mêmes des grains frits, du miel, des cannes à sucre aux chevaux des troupes, aux ânes, aux éléphants, aux chameaux, à la race de Sourabhî. Un ordre est en vain donné par les plus éminents guerriers, héros aux longs bras, issus même d’Ikshwâkou : le cavalier oublie son cheval ; le cornac oublie son éléphant. L’armée se trouvait ainsi toute pleine en ce moment d’hommes ivres ou fous par le vin ou l’amour.

Rassasiés de toutes les choses que l’on peut désirer, parés de sandal rouge, ravis jusqu’à l’enchantement par les essaims des Apsaras, les gens de l’armée jetaient au vent ces paroles : « Nous ne voulons plus retourner dans Ayodhyâ ! Nous ne voulons plus aller dans la forêt Dandaka ! Adieu Bharata ! Que Râma fasse comme il voudra ! » Ainsi parlaient fantassins, cavaliers, valets d’armée, guerriers combattant sur des chars ou des éléphants. Des milliers d’hommes partout d’éclater en cris de joie : « C’est ici le paradis ! » s’entredisaient eux-mêmes les suivants de Bharata.

Quand ils avaient mangé de ces aliments pareils à l’ambroisie, des saveurs et des nourritures célestes n’auraient pu même exciter en eux la moindre envie d’y