Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/215

Cette page a été validée par deux contributeurs.

au sein des airs, les chœurs des Apsaras dansent, les Dieux chantent, et les Gandharvas font parler en sons mélodieux la vînâ. Formée de cadences égales et liées entre elles avec art, cette musique, allant jusqu’au faîte du ciel, remplit tout l’espace éthéré, la terre et les oreilles de tous les êtres animés.

Quand la divine symphonie eut cessé de couler par le canal enchanté des oreilles, on vit au milieu des armées Viçvakarma donner à chacune sa place dans ces lieux fortunés. La terre s’aplanit d’elle-même par tous les côtés dans un circuit de cinq yodjanas et se couvrit de jeune gazon, qui semblait un pavé de lapis-lazuli au fond d’azur. Là, s’entremêlèrent des vilvas, des kapitthas, des arbres à pains, des citroniers, des myrobolans emblics, des jambous et des manguiers, parés tous de leurs beaux fruits.

On trouvait là des cours splendides, carrées entre quatre bâtiments, des écuries destinées aux coursiers, des étables pour les éléphants, de nombreuses arcades, une multitude de grandes maisons, une foule de palais et même un château royal, orné d’un majestueux portique, arrosé avec des eaux de senteur, tapissé de blanches fleurs et semblable aux masses argentées des nuages. Quatre solitudes bocagères le resserraient des quatre côtés : fortuné séjour, meublé de trônes, de palanquins, de sièges couverts de fins tissus, avec des vases purs et soigneusement lavés, il était rempli de breuvages, de vivres, de couches ; il regorgeait de tous les biens et pouvait offrir, avec toutes les liqueurs du ciel, tous les habits et tous les aliments dont se revêtent ou se nourrissent les Dieux mêmes. Quand il eut pris congé du grand saint, le héros aux longs bras, fils de Kêkéyî, entra dans cette de-