gourou : c’est pour le défendre que je suis accouru vers ce fleuve du Gange. »
Ensuite, le roi Gouha tint conseil avec ses ministres, qui savaient proposer de bons avis ; et, sorti de cette délibération, il dit alors ces mots à tout son cortège :
« Si l’armée que voici marche avec des pensées ennemies à l’égard de Râma, l’homme aux actions admirables, certes ! aujourd’hui sa traversée du Gange ne sera point heureuse !
« Dans ce jour même, ou je mettrai fin à une chose des plus difficiles pour le bien de Râma ; ou je serai gisant sur la terre, couvert de blessures et souillé de poussière. Mais non ! je saurai bien repousser devant moi cette armée, qui marche avec tant de coursiers et d’éléphants, moi, soutenu par le désir d’exécuter une œuvre utile à mon cher et magnanime Râma, de qui les nombreuses vertus ont enchaîné mon cœur ! »
Alors Gouha prit avec lui des présents, des poissons, de la viande, des liqueurs spiritueuses, et vint trouver Bharata. Quand l’auguste cocher, fils d’un noble cocher lui-même, vit s’approcher le roi des Nishâdas, il annonça d’un air modeste, en homme qui n’ignore pas les bienséances de la modestie, cette visite à Bharata : « Environné par un millier de ses parents, Gouha vient ici te voir : c’est un vieillard ; il est ami de Râma, il connaît tous les secrets de la forêt Dandaka. Ainsi, reçois-le en ta présence, lui que t’amènent de bienveillantes dispositions : il te dira, ce que sans doute il sait, en quels lieux habitent Râma et Lakshmana. » À ces paroles de Soumantra, le prince intelligent dit alors au conducteur de son char : « Que Gouha soit donc introduit en ma présence ! »