les yeux vers son père, et, tout plein de tristesse, lui tient ce langage comme s’il était vivant : « Roi magnanime, lève-toi ! Pourquoi dors-tu ? Me voici arrivé sur ton ordre avec hâte, moi Bharata, et Çatroughna m’accompagne. Mon aïeul te demande, ô mon père, comment va ta majesté : ainsi fait mon oncle Youdhadjit, prosternant sa tête devant toi. D’où vient qu’autrefois, incliné devant toi, à mon retour de quelque pays, tu me faisais monter sur ton sein, roi des hommes, tu me donnais sur le front un baiser, tu me comblais des caresses de ton amour ? Et pourquoi, dans ce moment, ne m’adresses-tu pas une parole à mon arrivée ? Jamais je n’ai commis une offense envers toi ; regarde-moi donc maintenant avec bienveillance.
« Heureux ce Râma, par qui ton ordre fut exécuté, roi de la terre ! Heureux encore ce Lakshmana, qui a suivi Râma dans l’exil ! Mais infortune et souillure à moi par cela même que, pénétré d’une vive douleur, tu as quitté la vie plein de ressentiment contre moi ! Sans doute, Râma et Lakshmana ne connaissent point ta mort ; car ils auraient quitté les bois à l’instant même, et leur affliction les eût amenés dans ces lieux !
« Si, pour la faute de ma mère, je te suis maintenant odieux, roi des hommes ; voici Çatroughna ; daigne au moins lui dire en ce moment quelque chose. »
Quand elles entendirent le magnanime Bharata se lamenter ainsi, les épouses du monarque se répandirent en pleurs dans une profonde affliction. Ce fut alors que le plus vertueux des hommes qui murmurent la prière, Vaçishtha et Djâvâli même avec lui tinrent ce discours au gémissant Bharata, que torturait sa douleur : « Ne t’abandonne pas aux larmes, sage Bharata ! le maître de la