Page:Ramayana trad Hippolyte Fauche vol1.djvu/196

Cette page a été validée par deux contributeurs.

trône, aller au fond des enfers, pourquoi m’y entraîner moi-même après toi dans ta chute ?

« Est-ce que ton époux avait commis une offense envers toi ? Quelle injustice devais-tu au magnanime Râma, pour les châtier également tous deux, celui-là par la mort, celui-ci par l’exil !

« Puisse être ce monde pour toi, puisse être même pour toi l’autre monde stérile de bonheur, homicide fatale de ton mari ! Va dans les enfers, Kêkéyî, écrasée par la malédiction de ton époux ! Hélas ! je suis foudroyé, je suis anéanti par ton avide ambition du royaume ! Qu’ai-je besoin maintenant ou de l’empire ou des voluptés, quand tu m’as consumé dans le feu de l’ignominie ? Séparé de mon père, séparé de mon frère, qui était un second père à mes yeux, qu’ai-je à faire de la vie même, à plus forte raison d’un empire ? »


Dès qu’ils virent arrivée la fin de cette nuit, les chefs de l’armée, les brahmes et tous les colléges des conseillers divers s’étant réunis, entrèrent dans le château royal, veuf d’un souverain qui, vivant, ressemblait au grand Indra lui-même. Cette illustre assemblée s’assit autour de Bharata, qu’elle voyait affligé, ses yeux remplis de larmes, plongé dans le chagrin, étendu sur la terre et semblable à un homme qui n’a plus sa connaissance.

Vaçishtha, le vénérable saint, dit à cet enfant désolé de Raghou, qui, le front baissé, traçait des lignes sur le sol avec la pointe du pied : « L’homme ferme qui, sans perdre la tête dans l’adversité, remplit comme il faut les obligations qu’il doit nécessairement acquitter est appelé un sage par les maîtres de la science. Ainsi, revêts-toi de