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donnes l’honneur, de t’abandonner au désespoir. Écoute de quelle manière, ayant quitté la vie, ton père, la justice elle-même incarnée, s’en est allé dans le ciel : je vais te raconter en même temps ce que ton père a dit : « Ah ! mon fils Râma ! s’est-il écrié ; ah ! Lakshmana, mon fils ! » et, quand il eut plusieurs fois jeté cette plainte, c’est alors que ton père a quitté la vie. Ton père s’en est allé au ciel, après qu’il eut prononcé encore cette parole, qui fut la dernière : « Heureux les hommes qui pourront voir mon fils Râma de retour ici des bois avec Sîtâ et Lakshmana, une fois expiré le temps convenu ! »

À ces mots, Bharata que la crainte d’une seconde infortune déchirait comme un poison mortel, interrogea de nouveau sa mère : « Où Râma demeure-t-il maintenant ? s’écria-t-il, d’un visage consterné. Et pourquoi s’est-il retiré dans les bois ? Pourquoi sa belle Vidéhaine et Lakshmana ont-ils suivi Râma dans les forêts ? »

À ces questions, Kêkéyî de répondre un langage plus horrible encore, bas, odieux même, tout en croyant ne dire à son fils qu’une chose agréable : « Couvert d’un valkala pour vêtement, accompagné de sa Vidéhaine, et suivi de Lakshmana, Râma s’en est allé dans les bois sur l’ordre même de son père ; et c’est moi, qui ai su faire exiler ce frère, ton rival, au sein des forêts.« Quand ton père l’eut banni, Daçaratha, consumé de chagrins à cause de son fils, quitta ce monde pour le ciel. »

À ces mots, Bharata, soupçonnant malgré lui un crime dans une telle mère, Bharata, qui aspirait de tous ses désirs à la pureté de sa famille, se mit à l’interroger en ces termes : « Râma, tout sage qu’il est, n’aurait-il point usurpé le bien des brahmes ? Ce digne frère n’aurait-il pas maltraité quelqu’un, riche ou pauvre ; offense,