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sée tempérait l’odieuse amertume : « Consumé de chagrins à cause de son fils, le grand monarque, ton père, t’a légué son royaume et s’en est allé dans le ciel, que lui ont mérité ses bonnes œuvres. »

À peine eut-il ouï de sa mère ces paroles composées de syllabes horribles, que Bharata soudain tomba sur la terre, comme un arbre sapé au tronc.

« Relève-toi promptement, Bharata, et ne veuille pas te désoler : car les hommes de ta condition, qui ont médité sur les causes et sur les effets du chagrin, ne s’abandonnent point ainsi aux gémissements. Ton père est descendu dans la tombe, après qu’il eut gouverné la terre avec justice, sacrifié suivant les rites, versé des largesses et des aumônes, tu n’as donc pas à le plaindre. Le roi Daçaratha, ton père, attaché d’un lien ferme au devoir et à la vérité, s’en est allé dans une région plus heureuse ; tu n’as donc pas, mon fils, à déplorer sa fortune. »

Elle dit : à ces mots déchirants de Kêkéyî, Bharata, dans une extrême douleur, adressa de nouveau ces paroles à sa mère : « Peut-être, me disais-je, le roi va-t-il sacrer le vaillant Râma : peut-être va-t-il célébrer un sacrifice : » telles étaient les espérances dont se berçait mon esprit et qui me faisaient accourir en toute hâte.

« —-Mère, de quelle maladie le roi est-il mort avant que je fusse arrivé ? Heureux, vous, Râma et Lakshmana, qui avez pu environner mon père de vos tendres soins !

—- « Mère, quel enseignement suprême t’a laissé pour mon bien le plus excellent des sages, Daçaratha, mon père ? »

Il dit, et Kêkéyî interrogée tint alors ce langage à Bharata : « Magnanime fils de roi, écoute donc la vérité entièrement ; et, ce récit fait, prends garde, ô toi qui