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autour de vos saintes personnes, j’ai obtenu une condition pure, sans mélange et du plus haut degré : bientôt vos révérences obtiendront elles-mêmes ce désiré séjour. Vous n’avez point à pleurer mon sort ; ce roi n’est pas coupable : il en devait arriver ainsi, qu’un trait lancé par son arc m’enverrait à la mort. »

« Quand il eut dit ces mots, transfiguré dans un corps divin, lumineux, porté au sein des airs sur un char céleste d’une beauté suprême, le fils du rishi monta au ciel. Mais, tandis que je me tenais joignant les mains devant l’anachorète, qui venait d’accomplir, assisté de son épouse, la cérémonie de l’eau en l’honneur de son fils, le saint pénitent me jeta ce discours :

« Comment se peut-il que tu sois né, homme vil et présomptueux, dans la race des Ikshwâkides, ces rois saints, magnanimes et de qui la gloire est célèbre en tous lieux ? Il n’existait pas d’inimitié entre nous deux, ni au sujet d’une femme, ni à cause d’un champ : pourquoi, les choses étant ainsi, pourquoi m’as-tu frappé d’une même flèche avec mon épouse ? Néanmoins, comme tu n’as tué mon fils qu’à ton insu et par un coup de malheur, je ne te maudis pas : mais écoute-moi bien !

« De même que j’abandonnerai forcément l’existence, ne pouvant supporter la douleur que m’inspire cette mort de mon fils ; de même, à la fin de ta carrière, tu quitteras la vie, appelant ton fils de tes vains désirs !

« Chargé ainsi de sa malédiction, je revins à ma ville, et, peu de temps après, le rishi même expira, consumé par la violence de son affliction paternelle. Sans doute, la malédiction du brahme s’accomplit maintenant pour moi : en effet, la douleur de mes regrets inconsolables pour mon fils précipite à sa fin le souffle de ma vie.