pénitence, ni la science sainte ne produisent, je pense, aucun fruit sur la terre, puisque mon père ne sait pas, homme insensé, que tu m’as donné la mort ! Et même, quand il le saurait, que ferait-il dans l’état d’impuissance où le met sa triste cécité ? Il en est de lui comme d’un arbre, qui ne peut sauver à ses côtés un autre arbre que sape la hache du bûcheron. Va promptement, fils de Raghou, va trouver mon père et raconte-lui cet événement fatal, de peur que sa malédiction ne te consume, comme le feu dévore un bois sec ! Le sentier, que tu vois, mène à l’ermitage de mon père : hâte-toi de t’y rendre et fléchis-le, de peur que, dans sa colère, il ne vienne à te maudire ! Mais, avant, retire-moi vite la flèche ; car ce trait au contact brûlant comme le feu de la foudre, ce trait, lancé par toi dans mon cœur, ferme la voie à ma respiration. Arrache-moi ce dard ! Que la mort ne vienne pas me saisir avec cette flèche dans ma poitrine ! Je ne suis pas un brahme ; ainsi, mets de côté la terreur qu’inspire le meurtre commis sur un brahmane. Un brahme, il est vrai, un brahme qui habite ces bois, m’a engendré, mais dans le sein d’une çoudrâ. »
« Voilà en quels termes me parla ce jeune homme, que j’avais percé d’une flèche. À la vue de ce faible adolescent qui se lamentait de cette manière, gisant ainsi dans la Çarayoû, le corps mouillé de ses ondes, poussant de longs soupirs et déchiré par l’atteinte mortelle de ma flèche, je tombai dans un extrême abattement.--Ensuite, hors de moi, je retirai à contre-cœur, mais avec un soin égal à mon désir extrême de lui conserver la vie, cette flèche entrée dans le sein de ce jeune ermite languissant. Mais à peine mon trait fut-il ôté de sa blessure, que le fils de l’anachorète, épuisé de souffrances et respirant d’un