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se rappela une grande faute, qu’il avait commise au temps passé.

À ce ressouvenir, il adressa la parole à Kâauçalyâ en ces termes : « Si tu es réveillée, Kâauçalyâ, écoute mon discours avec attention. Quand un homme a fait une action ou bonne ou mauvaise, noble dame, il ne peut éviter d’en manger le fruit, que lui apporte la succession du temps. -- Quiconque, dans les commencements des choses, n’en considère pas la pesanteur ou la légèreté, pour éviter le mal et faire le bien, est appelé un enfant par les sages.

«  Jadis, Kâauçalyâ, dans mon adolescence, imprudent jeune homme, fier de mon habileté à toucher un but et vanté pour mon adresse à percer d’un trait la bête que je voyais de l’oreille seulement, il m’est arrivé de commettre une faute. C’est pourquoi mon action coupable a mûri ce fruit de malheur, que je recueille aujourd’hui, comme l’efficacité du poison est de tuer la vie dans l’être animé qui en a bu la substance. Mais cette mauvaise action des jours passés, je l’ai commise par ignorance, de même qu’à son insu tel homme boirait un poison.

«  Je ne t’avais pas encore épousée, reine, et je n’étais encore moi-même que l’héritier présomptif de la couronne : en ce temps, la saison des pluies arrivée répandait la joie dans mon âme.

«  En effet, le soleil, ayant brûlé de ses rayons la terre et ravi au sol tous les sucs humides, las de parcourir les régions du nord, était passé dans l’hémisphère hanté par les Mânes. On voyait des nuages délicieux couvrir tous les points du ciel, et les grues, les cygnes, les paons s’ébattre en des mouvements de joie. Cette arrivée des nuages forçait toutes les rivières élargies à déverser leurs