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n’avoir que le sol même pour unique siège ? Ou comment dormira-t-il à ciel nu dans un bois, ce fils du maître de la terre ? Qu’est-ce que dit Râma à la vive splendeur ? Quelles paroles m’envoie Lakshmana ? Que me fait dire Sîtâ, cette femme vertueuse et dévouée à son époux ? Raconte-moi les haltes, les discours, les festins de Râma, sans rien omettre et de la manière que tout s’est passé, depuis qu’il est parti de ces lieux pour habiter les forêts. »

Ainsi invité par l’Indra des hommes, le cocher parla donc au roi, mais d’une voix craintive et balbutiante. Il raconta les événements depuis son départ de la ville jusqu’à son retour :

«  Lorsque ces deux héros eurent disposé leurs cheveux en djatâ et que, revêtus d’un habit fait simplement d’écorce, ils eurent traversé le Gange, ils marchèrent, la face tournée vers le confluent. Ensuite, ô mon roi, à l’instant où je m’en retournai, voici que mes coursiers, émus jusqu’à verser eux-mêmes des larmes et suivant Râma de leurs yeux, poussent des hennissements plaintifs.

«  Quand j’eus présenté à ces deux fils de mon roi les paumes de mes deux mains jointes et creusées en patère, je suis revenu ici, prince, malgré moi, dans la crainte d’offenser ta majesté.

«  Dans ces contrées, ô le plus noble des hommes, on voit les arbres mêmes, avec toutes les feuilles, les bouquets de fleurs et les pousses nouvelles, se faner, languissants d’affliction pour l’infortune de Râma. — Les fleuves semblaient eux-mêmes pleurer avec des eaux tristes et des ondes troublées : les étangs de lotus, dépouillés de splendeur, n’offraient aux yeux que des fleurs toutes fanées. Les volatiles et les quadrupèdes, immobiles,