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L’aîné des Raghouides se fit connaître au solitaire en ces termes : « Nous sommes frères, et fils du roi Daçaratha ; on nous appelle Râma et Lakshmana. Mon épouse, que voici, est née dans le Vidéha ; c’est la vertueuse fille du roi Djanaka. Attachée fidèlement aux pas de son époux, elle est venue avec moi dans cette forêt de la pénitence.

« Ce frère chéri est plus jeune que moi ; il est fils de Soumitrâ : ferme dans les vœux qu’il a prononcés, comme kshatrya, il me suit de soi-même dans ces bois, où m’exile mon père. Docile à sa voix, je vais entrer dans la grande forêt ; je marcherai là, saint anachorète, sur les pas mêmes du devoir : les fruits et les racines y feront toute ma nourriture. »

À ces mots du sage Kakoutsthide, l’anachorète vertueux comme la vertu elle-même lui présenta l’eau, la terre et la corbeille de l’arghya. Puis, quand il eut honoré ce fils de roi en lui offrant un siège et l’eau pour laver, le solitaire invita son hôte à partager son repas de racines et de fruits, lui, dont les fruits seuls étaient la nourriture quotidienne. À son jeune compagnon assis, quand il eut reçu de tels honneurs, Bharadwâdja tint alors ce langage assorti aux convenances, dont la politesse fait un devoir : « Je remercie la bonne fortune, qui t’a conduit, Râma, sain et sauf dans mon ermitage : assurément ! j’ai entendu parler de cet exil sans motif, auquel ton père t’a condamné. Ce lieu solitaire et délicieux, fils de Raghou, est l’endroit célèbre dans le monde par le saint confluent de la Gangâ et de l’Yamounâ. Demeure ici avec moi, Râma, si le pays te plaît : tout ce que tes yeux voient ici appartient en commun aux habitants du bois consacré à la pénitence. »

Râma, joignant les mains, répondit à ces paroles de