écoulée ; entends, mon ami, cet oiseau heureux, le kokila chanter sa joie. Déjà même le bruit des éléphants résonne dans la forêt : hâtons-nous, frère chéri, de traverser la Djâhnavî qui se rend à la mer. »
Quand le fils de Soumitrâ, délices de ses amis, eut connu la pensée de Râma, il appela aussitôt le roi des Nishâdas avec le cocher Soumantra, et se tint debout lui-même devant son frère. Ensuite, après qu’ils eurent jeté les carquois sur leurs épaules, attaché les épées à leurs flancs et pris les arcs dans leurs mains, les deux Raghouides, accompagnés de Sîtâ, s’en allèrent donc vers la Gangâ. Là, d’un air modeste, tournant les yeux vers le noble Râma : « Que dois-je faire ? dit le cocher, ses mains jointes, à l’auguste jeune homme, bien instruit sur le devoir. »
« Retourne ! lui repartit celui-ci ; je n’ai que faire maintenant du char : je m’en irai bien à pied dans la grande forêt. »
À la vue d’une barque amarrée au bord du fleuve, le prince anachorète, qui désirait passer le Gange au plus vite, Râma dit ces mots à Lakshmana : « Monte, tigre des hommes, monte dans ce bateau, que voici bien à propos. Lève dans tes bras doucement et pose dans la barque ma chère pénitente Sîtâ. »
Lui sur-le-champ d’obéir à l’ordre que lui donnait son frère, et d’exécuter cette tâche, qui ne lui était nullement désagréable : il plaça d’abord la princesse de Mithila et monta ensuite de lui-même dans l’esquif amarré. Après lui s’embarqua son frère aîné, le magnanime ermite.
Alors, quand il eut salué d’un adieu Soumantra, Gouha et ses ministres : « Entre dans ta barque, heureux nau-